Quelle est la croyance qui l’emporte? Il faut laisser la religion en dehors de la loi

Sans aucun doute, la religion est un système de valeur important qui influence l'attitude générale, le comportement et l'éthique d'un peuple ou d'une culture donnée. Comme la plupart des religions du monde enseignent l'amour, la tolérance et la paix, la religion peut permettre de contrôler le comportement et donner un sens à la vie des gens. En fait, Daniel Philpott a récemment fait valoir que, sans Dieu, il n'y a aucune justification réelle au fait que les humains sont uniques et intrinsèquement dignes de respect et dignité, concepts qui sont à la base même des droits de l’homme.

Sans aucun doute, la religion est un système de valeur important qui influence l'attitude générale, le comportement et l'éthique d'un peuple ou d'une culture donnée. Comme la plupart des religions du monde enseignent l'amour, la tolérance et la paix, la religion peut permettre de contrôler le comportement et donner un sens à la vie des gens. En fait, Daniel Philpott a récemment fait valoir que, sans Dieu, il n'y a aucune justification réelle au fait que les humains sont uniques et intrinsèquement dignes de respect et dignité, concepts qui sont à la base même des droits de l’homme. De même, Larry Cox souligne que les droits de l’homme et la religion convergent souvent en raison de leur croyance partagée dans la protection de la vie et de la dignité humaine. Au Nigeria, cependant, avoir permis à la religion d’influencer la loi a souvent aboutit au résultat inverse.

Le Nigeria est un parfait exemple de la façon dont l'impact de la religion sur le processus législatif peut gêner l'égalité et la coexistence pacifique, et peut même entraver le développement économique et technologique. En tant que pays le plus peuplé d'Afrique, le Nigeria compte environ 50 pour cent de musulmans et 48 pour cent de chrétiens, le reste de croyances autochtones. Ce pluralisme a eu des conséquences graves en raison de l'utilisation de la religion comme base des droits de l’homme ou toute autre sorte de loi. Le système judiciaire du Nigeria est compliqué de par le fait que la loi islamique, ou Charia, coexiste avec la Common Law anglaise, résultat de l'influence considérable que la religion a eue sur la Constitution nigériane de 1999.

Bien que le fondement de la valeur et la dignité humaine puisse se trouver dans la religion, le patriarcat est aussi profondément enraciné dans de nombreux préceptes religieux. Le christianisme et l'islam, en particulier dans les formes fondamentalistes, sont tous deux connus pour leur traitement inégal des sexes. En effet, dans les religions orthodoxes et chrétiennes traditionnelles, le rôle que peuvent jouer les femmes dans l'Église est limité et contrôlé, puisqu'elles sont souvent exclues de la direction et d'autres postes importants. Par exemple, dans l'Église catholique, les femmes peuvent être religieuses, mais ne peuvent pas être prêtres ou évêques, et elles ne sont pas autorisées à dire la Messe (culte). Dans l'islam aussi, il y a un débat en cours sur la possibilité ou non d'avoir des femmes imams. Même dans les religions traditionnelles africaines, les femmes sont exclues de l'exercice de fonctions religieuses importantes telles que les libations ou toute forme d'invocation des esprits pour la bénédiction ou la protection.


Ayemoba Godswill/Demotix (All rights reserved)

The Bring Back Our Girls campaign continues in Abuja, Nigeria. A woman mourns during a recent town hall meeting.


Dans le nord et le sud ouest du Nigeria, l'islam est si largement pratiqué que le code juridique de la Charia a été officiellement adopté par cinq Etats du nord du Nigeria. L'ensemble du système de la Charia a eu des impacts négatifs sur les des droits de l’homme, et non des moindres, comme l'autorisation des mariages d'enfants. Cette pratique constitue une violation flagrante de plusieurs chartes des droits de l’homme, y compris la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, ainsi que le Protocole sur les droits des femmes dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

En fait, en 2013, au cours du processus de révision constitutionnelle au Nigeria, le plus grand débat a porté sur l'âge légal du mariage. La controverse a éclaté parce que l'article 29 (4) (b) de la Constitution nigériane estime qu'une femme est majeure quand elle se marie, quel que soit son âge réel. Cela signifie qu'une mariée de huit ans est une adulte face à la loi et serait jugée en tant que telle si elle commettait un crime. Le mariage des enfants provoque également de graves conséquences mentales, émotionnelles, psychologiques, physiologiques et médicales pour les jeunes mariées, qui sont plus vulnérables aux infections et aux maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH / SIDA et l'hépatite B. Il y a aussi la forte probabilité de développer des complications lors de l'accouchement comme la  FVV / FRV (déchirure des voies vaginales et urinaires) et même la mort.

Parmi les autres atteintes aux droits de l’homme liées à la Charia figurent la flagellation publique des femmes accusées ou reconnues coupables d'adultère ou de prostitution; la ségrégation entre les hommes et les femmes dans les transports publics; la condamnation des jeux d’argent; l'interdiction de boire de l'alcool, indépendamment de l'appartenance religieuse; un code vestimentaire pour les femmes dans les espaces publics; et la restriction de circulation des femmes. Dans deux exemples très médiatisés de 2002, deux femmes du nord du Nigeria, Safiya Hussaini et Amina Lawal, ont été condamnées à mort par lapidation pour un crime d'adultère en vertu de la Charia. Après un tollé public massif, la cour d'appel islamique a par la suite annulé les deux condamnations.

Les enseignements religieux qui étouffent le développement et le progrès de l'homme doivent être évités dans les programmes législatifs

En outre, la récente promulgation en 2013 par le Nigéria de la Loi sur l'interdiction du mariage homosexuel (SSMPA) a été soutenue massivement par les chrétiens et les musulmans, qui ont fait valoir que les pratiques homosexuelles ne sont pas acceptables ou tolérées par chacune des religions. Cette attitude renie les droits à la vie privée et à la liberté d'association des minorités sexuelles.

Dans tous ces cas, la religion a une influence notable sur la loi au détriment profond des droits de l’homme.

Enfin, la secte terroriste islamique Boko Haram illustre le fanatisme et l'intégrisme religieux le plus extrême au Nigeria. Ce groupe a été responsable d'une série d'attentats et d'enlèvements visant à forcer le gouvernement nigérian à abandonner le pouvoir aux islamistes. Leur doctrine affirmée consiste en la fin de l'éducation "occidentale" au Nigeria et la conversion forcée du pays à un Etat islamique, indépendamment de la pluralité religieuse du pays.

De toute évidence, la religion a eu de nombreuses influences néfastes sur les droits de l’homme au Nigeria, et les militants des droits de l’homme doivent donc être vigilants en gardant la religion séparée de l'Etat. Philpott peut prétendre que la raison n'est pas suffisante pour justifier les droits de l’homme, et il est vrai que les lois doivent être fondées sur le seul raisonnement sain et humaniste. Bien sûr, les pratiques religieuses qui sont compatibles avec les lois internationales des droits de homme doivent être encouragées, mais les enseignements religieux qui étouffent le développement et le progrès de l'homme doivent être évités dans les programmes législatifs.

Il y a plus de 400 religions différentes dans le monde, chacune croyant être supérieure à l'enseignement de l'autre. Beaucoup de ces religions sont autocratiques dans leurs principes et très peu respectueuses des droits de l’homme. Lors de l'élaboration des lois, quelle est la religion qui l'emporte ? Afin de sauvegarder les droits et les privilèges fondamentaux de l'homme, nous devons simplement garder la religion en dehors de la loi.